Mercredi 1er novembre.
7 heures. Petit déjeuner. Je suis épuisé.
8 heures. Cuivres. Nous sommes au large de Cadix. Je n’en peux plus de fatigue. Je vais me coucher. Chants à hisser sur le pont.
11 heures. Je suis de service. Réveillé par un matelot, j’ai à peine le temps de m’habiller. Les rillettes au lever, ça fait drôle. Calamars, riz, profiteroles au chocolat.
12 heures. Le vent forcit. Nous partons plein ouest. Superbe journée, sans manœuvres. Une telle masse en déplacement, l’étrave qui fend la houle, c’est très impressionnant. Malgré le soleil, il ne fait pas très chaud avec le vent. La gîte est importante et le passavant tribord est régulièrement inondé par les sabords.
16 heures 30. Les coqs nous font la surprise de pains aux raisins sortant du four. Les gens arrivent plus rapidement à la mayence qu’à la manœuvre en ces occasions.
18 heures. Le traditionnel punch de chaque stage dans le grand rouf. Le vent a bien faibli. Chants de marins dès que les premiers effets du rhum se font sentir.
19 heures. Repas. Jambon gratiné, paupiettes, fruits.
20 heures 30. Calme plat. Mer d’huile. En pleine mer, le silence est toujours surprenant.
21 heures. Couché.
Jeudi 2 novembre.
4 heures. Encalminé. Mer d’huile. Air très chargé en humidité. À la veille, pas un bateau, pas un dauphin, rien, juste par trois quarts tribord le trognon de pomme que j’ai jeté vingt minutes auparavant et qui dérive vraiment lentement. Nous ferons quand même 4 milles en 4 heures!
Ennui, le quart est interminable. Je ne cesse de consulter ma montre, mais comme le bateau, le temps n’avance pas. Quand je prends la barre (je m’en demande l’utilité dans ces conditions), Maurice, le charpentier, vient me tenir compagnie. La conversation s’oriente sur la littérature maritime où plus d’un a trouvé les fondements de sa vocation. Nous parlons de la série de romans d’aventures maritimes de Horatio Hornblower par Cecil Scott Forester. Cap au 90.
J’ai l’impression que ce quart a duré huit heures. En comptant sur le rôle, j’ai vu qu’il n’y avait que treize stagiaires, contrairement aux quatorze que l’on nous annoncait. Superstition?
7 heures. Petit déjeuner. 8 heures. Propreté, cuivres et sanitaires.
9 heures. Couché.
À rabanter les voiles.
Le pilote.
11 heures. Déjeuner. Une frégate au loin. Impossible de déterminer la nationalité. Deux avions de chasse viennent virer autour du bateau, vraiment très près. Nous leur servons de bouée pour leurs exercices, tant que nous le servons pas de bateau-cible…
16 heures. Arrivée à Cadix. La toile est rentrée. Le pilote monte à bord.
Port de Cadix.
Le sac de S. Colberg, stagiaire allemand. « Kruzenstern, ex. Padua. Lisbonne-Crète. 1994 »
À poste.
17 heures. Promenade dans Cadix. J’ai un coup de cœur pour cette ville dont je ne connaissais rien (à part, comme tout le monde, la ritournelle de Luis Mariano).
Je croise le couple Dubois, de la Trinité-sur-Mer, que j’invite à venir découvrir les tapas avec moi. Acheté mes Ducados bajo de nicotina, 125 pesetas le paquet.
19 heures. De retour à bord pour le dîner. Il y a déjà des bouteilles de Rioja tinto sur la table… Ça s’annonce bien.
20 heures. Très agréable repas.
21 heures. Discussion avec le coq qui est lorientais, puis avec le commandant. Promenade dans la ville. Bière dans un bar branché, El Bunker. Rentré à bord à minuit. Le bosco est de veille et regrette de ne pas être sorti. La défense du quai fait un bruit épouvantable en raguant contre le bordé. Mais cela ne m’empêche pas de m’endormir.
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