Le Belem va vivre ses années de champagne et d’acajou… Finie l’humble vocation de voilier au commerce, place au yacht de plaisance au luxe aristocratique. Cette nouvelle destinée va faire subir au bateau de profondes transformations, plus ou moins heureuses. Quoi qu’il en soit, c’est cette nouvelle utilisation qui va sauver le bateau, chance que n’aura aucun de ses confrères antillais.
Le bateau est vendu au duc de Westminster, lord Hugh Richard Arthur, le 11 février 1914 pour la somme de 3 000 livres sterling, par l’entremise du courtier Arthur Bellingham. Il a été choisi pour la beauté de ses lignes, ses dimensions et son état d’entretien méticuleux que l’on doit à son capitaine, Julien Chauvelon.
Le 17 février, le Belem quitte Nantes avec le capitaine Chauvelon et son équipage habituel. Il prend la direction de Southampton. Le futur commandant britannique du Belem est également à bord pour une « prise en mains ».
Après avoir essuyé une violente tempête en Manche, le bateau arrive le 23 février 1914. À quai, le pavillon français est amené et remplacé par l’Union Jack. On peut imaginer la grande émotion éprouvée par Julien Chauvelon et son fidèle équipage à ce moment là. En remerciement, le duc de Westminster offre au capitaine une montre en or.
Le bateau entre en chantier pour transformation.
Le 28 juin, l’archiduc héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François Ferdinand, et son épouse, sont assassinés à Sarajevo par Gavrilo Prinzip. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France, et le lendemain le Royaume-Uni entre à son tour en guerre. Âgé de 35 ans, le duc embarque sur un vaisseau de la Royal Navy et sera décoré en 1916 du Distinguished Service Order.
Malgré ces événements, les travaux continuent à bord. La moins voyante mais la plus essentielle des transformations sera la motorisation du voilier (deux moteurs suédois Bollinder de 250 chevaux chacun).
Document : Plans des aménagements du duc de Westminster.
On procède également aux travaux suivants :
Le Belem à l’époque Westminster.
Ce n’est qu’à la fin des hostilités que le Belem pourra commencer sa carrière de yacht luxueux. Ses premières sorties le mèneront à Saint-Nazaire, Arcachon, Biarritz, Nice, Cannes… Le début d’une vie mondaine, principalement estivale, sur les rivages de l’Europe.
Le duc de Westminster avec le capitaine et le second. Remarquer à droite le transmetteur d’ordres à la salle des machines (chadburn).
Entré au Royal Yacht Squadron, il arbore le White Ensign réservé à ses membres et aux navires de la Royal Navy.
Quant au capitaine Chauvelon, il prend le commandement de bateaux à vapeur : le Ravitailleur, qui sera torpillé en 1915, puis le Transporteur, le Perronne, et enfin le Chardonneret en 1919 sur lequel il achevera sa carrière à la mer en 1924. À terre, il deviendra inspecteur de la navigation, puis capitaine expert auprès du Comité des assurances maritimes et du Tribunal de commerce de Nantes.
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