Un DST (en anglais TSS, Traffic Separation Scheme) est une mesure d’organisation du trafic visant à séparer les navires qui se déplacent dans des directions opposées, grâce à des moyens appropriés et à l’établissement de couloirs de circulation.
C’est l’Organisation Maritime Internationale (OMI, agence spécialisée de l’ONU) qui est le seul organisme habilité à établir et à recommander sur le plan international des mesures portant sur l’organisation du trafic maritime. Il existe cependant quelques dispositifs nationaux non adoptés par l’OMI. Ces mesures sont destinées à améliorer la sécurité de la navigation dans les zones de convergence, dans les zones à forte densité de trafic. Elles peuvent aussi servir à prévenir ou réduire les risques de pollution et d’autres dommages que font peser sur le milieu marin l’abordage ou l’échouement de navires dans des zones écologiquement vulnérables ou à proximité.
Depuis de nombreuses années, l’Association française des capitaines de navires (AFCAN) demandait la suppression de la troisième voie montante (la plus au large) du rail d’Ouessant. Réservée aux navires transportant des matières dangereuses, cette voie était de plus en plus utilisée, les autorités ayant ajouté de nombreuses cargaisons à la liste des produits dangereux depuis la création du rail d’Ouessant. Une situation qui obligeait les navires venant d’Espagne à couper les deux premières voies pour atteindre l’entrée du couloir qui leur était réservé, engendrant ainsi un risque accru de collisions.
Une étude réalisée en 2000 sur la circulation maritime en Manche, à la demande de la Direction des Affaires maritimes et des Gens de mer (DAMGM), a confirmé la présence de points de croisement de routes aux abords desquels le nombre de manoeuvres anti-collisions effectuées par les navires est très élevé. Ceci a permis l’adoption d’un projet de modification du DST d’Ouessant qui a été approuvé par le comité de la Sécurité maritime de l’OMI en décembre 2002.
Ce jeudi, le rail d’Ouessant, où passent entre 150 et 180 navires par jour (dont une dizaine transportant des matières dangereuses), a été placé sous haute surveillance avec l’entrée en vigueur, à 02 h 00, du nouveau DST qui ramène à deux voies principales au lieu de trois actuellement la circulation des navires, la voie montante étant rapprochée de 28 à 24 milles nautiques (43 km) du littoral tandis que la voie descendante se trouve éloignée de 17 à 34 milles nautiques (61 km). Les deux couloirs de circulation, larges chacun de 5 milles nautiques, seront séparés par une zone (également de 5 milles) interdite à la navigation (sauf traversière, du type Brittany Ferries).
On peut craindre pour les mois à venir les erreurs de navigation liées au nouveau DST, notamment les navires qui n’ont pas de documentation nautique à jour. Une surveillance renforcée devrait être maintenue sur zone (la frégate porte-hélicoptères Germinal et le remorqueur de haute mer Abeille-Flandre).
Déjà, le premier des navires à se présenter peu après 02 h 00 ce 1er mai, le Lezhevo, un caboteur russe chargé de ferraille de 80 m de long, était sans carte de bord à jour et a été autorisé à remonter vers Gand par l’ancienne voie du DST.
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