Le stage de l’Ascension a été marqué par le bris de la roue pour une raison indéterminée (problème de clavette de désaccouplage manuel/hydraulique).
Le récit de cet incident par le Commandant Éric Saint-Plancat :
Samedi 22 mai 2004 [à Saint-Malo] :
La brise d’Est Nord-Est a fraîchi, plaquant vigoureusement le Belem le long du quai. Il ne va pas être facile d’appareiller dans ces conditions. Même avec l’assistance du petit remorqueur Corsaire Malouin, nous avons un mal fou à arracher le navire à ce quai qu’il semble tant aimer, à croire qu’il a décidé de passer le week-end à Saint-Malo ! Plusieurs tentatives sont nécessaires, et il faudra même passer deux remorques au Corsaire, en “patte d’oie” entre l’avant et l’arrière… Cette manoeuvre de départ laborieuse prend plus de temps que n’avait prévu l’officier de port, et alors que nous nous présentons devant l’écluse nous voyons le pont se refermer, pour laisser passer les automobilistes impatients ! Il faut faire demi-tour, et se replacer face au vent dans le milieu du bassin, en attendant l’ouverture… Le second met la barre toute à gauche à l’aide de la télécommande hydraulique, lorsque nous entendons un sinistre craquement provenant de l’arrière : une pièce mécanique s’est engagée dans le système de la barre, faisant reculer l’ensemble, et la barre à roue est cassée net, venant en butée sur les caillebotis !! Pas de chance, ce matin…
Le pont s’ouvre. Nous nous laissons dériver pour nous placer dans l’axe de l’écluse. Avec un moteur embrayé en arrière nous avançons encore, propulsé par le vent qui nous pousse la hanche tribord… Allez, on y va. Une petite impulsion pour avoir la vitesse nécessaire pour gouverner, puis il faut viser juste… Le remorqueur nous accompagne à l’avant, il nous guide mais ne pourra pas nous freiner. Poussé par la brise dans le gréement, nous entrons dans l’écluse à une vitesse impressionnante. Moteur bâbord en arrière toute, la barre est toute à gauche mais le capricieux navire vient encore à droite, il veut monter sur le quai. Garder son sang-froid, ne pas avoir peur : un bon coup de fouet en avant sur le moteur tribord ! Ouf ! il se redresse…Maintenant il faut l’arrêter avant la porte aval : en arrière toute les deux machines. La garde est envoyée rapidement par les matelots de l’avant, cette amarre va participer au freinage. Finalement le Belem s’immobilise dans l’écluse, tribord à quai, comme prévu… Ouf.
Seulement voilà, la barre à roue est cassée. Avec un tel vent, il n’est pas question de gouverner sous voiles avec le système hydraulique, qui n’est pas assez puissant. Et puis il y a de la mer : dès le phare du Grand jardin certains stagiaires sont bien pâles… Pour laisser le temps au charpentier de réparer la barre, aux estomacs malmenés de retrouver le goût de la nourriture, et pour donner un sens à une journée commencée sur les chapeaux de roue, nous allons mouiller à Chausey. Nous y sommes en deux heures de moteur, bien à l’abri, et l’archipel enchante autant ceux qui le découvrent que ceux qui y étaient avec nous il y a deux jours. La lumière, la marée, rien n’est jamais pareil. Pendant que les stagiaires se dégourdissent les jambes sur la Grande île, le bosco et le charpentier entreprennent l’opération de la grande blessée. Et en fin de journée nous fêtons tous ensemble leur succès en buvant un punch autour de la convalescente. L’image de la barre au milieu du grand roof est assez inhabituelle et nous lui chantons quelques chants de marins pour l’aider à se rétablir. Il est convenu qu’après une bonne nuit de collage elle reprendrait du service…
Dimanche 23 mai 2004 :
Les stagiaires aussi ont eu droit a une bonne nuit de sommeil. Et au matin la barre a repris fièrement sa place, la réparation est invisible et on ne se douterait pas de ce quil lui est arrivé.
Au chapitre “casse”, on signale aussi qu’à Ostende, deux balustres de la dunette ont été arrachées lors d’une manoeuvre de mise à couple d’un autre navire.
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