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8 mai 1902, la catastrophe de la montagne Pelée

La quatrième campagne de Chauvelon à bord du Belem est un voyage à la Martinique au départ du Havre avec retour sur Nantes (du 19 mars au 6 août 1902).

« Il [le capitaine Chauvelon] était à son bord au havre du Robert lors des catastrophes des 8 et 26 mai 1902 quand l’éruption de la montagne Pelée détruisit Saint-Pierre-de-la-Martinique en faisant quarante mille victimes. Deux trois-mâts français, le Tamaya de Nantes, capitaine Mahée et le Biscaye, capitaine Trévilly, avaient disparu corps et biens au cours du sinistre et le Belem, qui n’était qu’à trente kilomètres à vol d’oiseau du terrible volcan, put cependant échapper au désastre. Mais son pont fut couvert de cendres et de cailloux, son gréement et sa mâture en subirent quelques dommages ; la couche épaisse de poussières volcaniques fut transformée quelques heures plus tard par la pluie torrentielle en une boue caustique et consistante difficile à enlever, aussi dure qu’un mortier. » [LAC.]

En ce début mai 1902, le Belem arrive en rade de Saint-Pierre mais sa place est prise par le voilier Tamaya (capitaine Mahéo) de l’armement Rozier de Nantes. Ce petit incident va sauver le Belem.

Le Tamaya
3 mâts carré de 566 tonneaux de jauge brute (pour réf. Belem : 527 tonneaux).
Construit en fer en 1862 aux chantiers de Liverpool.
Immatriculation au long cours n°356. Armement Rozier, Nantes.
Armé le 18 février 1902 pour la Martinique.
Perdu corps et biens le 8 mai 1902. Rayé de l’effectif de la Marine Marchande le 21 juillet 1902.
Commandant : Théophile Mahéo, né le 30 août 1860 à l’île aux Moines.
Rôle d’équipage :
Charles Le Cerf, second capitaine.
Joseph Sujet, bosco.
Gabriel Le Ian, cuisinier.
Jean Goubeyre, Michel Gallard, Yacinthe Lab, Pierre Rouxel, J.-Marie Peyraud, Alexis Auvray, Frédéric Mallert, Pierre Gallapel, Raymond Crequier.

Chauvelon doit aller mouiller au Robert, de l’autre côté de l’île.

À cette époque, Saint-Pierre était la capitale de la Martinique et la plaque tournante de l’économie de tout l’arc antillais. Surnommée le Petit-Paris, c’était une ville agréable à vivre. L’une de ses fiertés était son théâtre à l’italienne où se multipliaient les représentations, et qui était une réplique de celui de Bordeaux. Elle disposait également d’un jardin botanique de renommée mondiale. La montagne Pelée, volcan décrété éteint et sans danger pour la population, était un lieu de tourisme.

Dès le mois de février 1902, diverses manifestations du volcan auraient dû être des signaux d’alarme. Des averses de cendres ont déjà recouvert Saint-Pierre. Les écoles sont fermées depuis le 3 mai. La population attend dans l’inquiétude. Certains prennent la fuite. Préoccupées davantage par l’organisation du deuxième tour des élections législatives qui doivent avoir lieu le 11 mai, les autorités s’efforcent de rassurer la population. Le 5 mai, la sucrerie Guérin, à trois kilomètres de la ville, est détruite par une coulée de boue, faisant de nombreuses victimes. Un raz-de-marée s’ensuit sur la rade.

Les règlements portuaires interdisaient aux capitaines de lever l’ancre sans autorisation. Le 7 mai, un homme pourtant, le capitaine Ferrata, commandant de l’Orsolina, décide de partir. Son bateau est déjà couvert de cendres. Il connait bien les colères du Vésuve et ce qu’il voit l’alarme. Les douanes refusent de le laisser partir, et le menacent de lourdes sanctions s’il lève l’ancre malgré tout. Il les quitte en leur répliquant : « Qui me les appliquera ? Demain, vous serez tous morts ! ». Son bateau sera le seul rescapé de ceux qui se trouvaient en rade.

Éruption de la Montagne Pelée.

Le 8 mai, à 8 heures, c’est l’anéantissement total de Saint-Pierre. En quelques secondes une énorme masse ardente se précipite sur la ville, la couvre, l’étouffe, l’embrase puis roule sur la mer. La ville est plongée dans l’obscurité. Rien n’est épargné.

Chauvelon s’apprêtait à débarquer pour aller à cheval à Saint-Pierre, déjeuner avec le capitaine Mahéo. Le bruit de l’explosion et le spectacle du panache de fumée ont attiré tout l’équipage sur le pont. Une pluie de cendres arrive sur le Belem.

Les candidats aux élections législatives, Fernand Clerc et Louis Percin avaient déjà fui la ville dès 6 h 30. Près de 28 000 habitants périssent étouffés, brûlés, asphyxiés. De cette tragédie, seuls deux survivront : Léon Compère et le plus connu Louis Auguste Sylbaris, dit Cyparis.

Saint-Pierre détruite.

Les restes du Tamaya sont une des rares épaves identifiées de la rade, puisqu’une cloche, portant l’inscription Tamaya 1862, en a été remontée en 1984 par Dominique Serafini. Cette cloche a été remise au musée volcanologique de la Ville de Saint-Pierre.

Ci-dessous, l’épave du Tamaya en 2001 (photo JP Plongée) :

Le Tamaya.

Le Belem, chargé de sucre, nettoyé de ses cendres, quitte son abri le 6 août.

Huit campagnes aux “Indes Occidentales” vont alors se succéder sans événement dramatique de 1902 à 1907 :

  • Nantes / Cardiff / Trinidad / Haïti / Nantes,
  • Nantes / Cayenne / Barbade / Haïti / Nantes,
  • Angleterre / Guadeloupe / Nantes,
  • Saint-Nazaire / Belém / Nantes, du 3 juin au 3 septembre 1904, avec comme passager exceptionnel l’épouse de Julien Chauvelon, à l’occasion de leurs noces.
  • Saint-Nazaire / Belém / Martinique / Nantes,
  • Saint-Nazaire / Martinique / Nantes,
  • Saint-Nazaire / Belém / Nantes,
  • Saint-Nazaire / Cayenne / Connétable.

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