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histoire du belem

L’armement Fernand Crouan

Portrait photographique de Fernand Crouan.

M. Fernand Crouan, homme réputé austère et sévère, dirigeait l’armement hérité de son père, M. Denis Crouan. De ses bureaux de la rue de l’Héronnière à Nantes, il traitait ses affaires, principalement du trafic de cacao du Pará (Brésil) et de sucre des îles (Antilles), pour le compte de la célèbre chocolaterie Menier. Il se déplaçait en ville avec un cabriolet noir aux filets rouges, aux couleurs de ses navires.

« Au début du XIXe siècle, les Crouan étaient quatre frères descendants eux-mêmes d’une famille irlandaise installée en Bretagne au XVIIIe siècle. L’aîné, Étienne-Prudent, né à Brest le 27 mars 1800, créa à Belém au Brésil, en 1817, un comptoir commercial dont il s’occupa avant de devenir en 1832 consul de France dans cette ville. Ses deux frères, Augustin et Denis participèrent également à cette exploitation. (…) Vers le milieu du XIXe siècle, Denis qui avait dirigé la maison de Belém après le départ de son frère, revint à Nantes et devint armateur. Il y mourut en 1891 à l’âge de 85 ans et son fils Fernand lui succéda. La raison sociale devint Denis Crouan Fils. » [GOS.]

De 1891 (date où Fernand Crouan pris la direction de l’armement) à la liquidation (en 1906), la maison Crouan posséda les voiliers suivants, tous des trois-mâts barque :

Cruzeiro 1875 trois-mâts barque bois 268 tx b. Dubigeon (?)
« Le 31 mars 1890, sur le chemin du retour, il se porte au secours d’un lougre de Camaret et sauve l’équipage par une mer démontée. » [GOS.]
Émile-Menier 1883 trois-mâts barque bois 368 tx b. Clergeau (?)
« Vendu en 1903 à Madame Even et affranchi du Havre dès ce moment, fut cédé par elle en 1912 à un italien qui le nomma Giuseppe Felice. Il disparut en mer en 1918. » [LAC.]
Émile Justin Menier industrialisa, à partir de 1852, la fabrication du chocolat. Fils de Jean Antoine Brutus Menier, le créateur de l’usine à Noisiel, et père d’Henri Menier, le client de l’armement Denis Crouan Fils pour le cacao et le sucre.
Chantier Clergeau : apparaît en 1869 à Trentemoult et disparaît en 1907.
Pará 1888 trois-mâts barque bois 320 tx b. Dubigeon (?)
« Après sept ans de bons services fut vendu à Fécamp pour la grande pêche (1895), son armateur ne voulant que des navires métalliques. Abordé et coulé le 12 décembre 1914 par le s/s scandinave Ajulha. équipage recueilli par le navire-hôpital Saint-François-d’Assise. » [LAC.]
Pará, nom d’un état du Brésil, l’un des plus chauds et pluvieux, où se trouve le port de Belém, sur l’estuaire du fleuve Pará.
Noisiel 1890 trois-mâts barque fer 450 tx b. Dubigeon
« Vendu par M. F. Crouan à M. Deville, de Marseille, le 14 décembre 1902. Naufragé en Angleterre. » [LAC.]
« Il fait naufrage en 1902 près des côtes de Cornouailles. » [GOS.]
Noisiel est la ville de l’est parisien où se trouvent les usines Menier. Premier trois-mâts de l’armement à coque en fer.
Claire-Menier 1893 trois-mâts barque fer 485 tx b. Dubigeon
« Construit en 1893, fut l’un des premiers navires mis en chantier pour bénéficier des primes à la navigation. Perdu en 1903 sur la côte du Brésil. » [LAC.]
Claire Menier est la mère d’Henri Menier, le client de l’armement pour le cacao et le sucre.
Denis-Crouan 1893 trois-mâts barque fer 483 tx b. Dubigeon
« Construit pour la même raison que le Claire-Menier, prit feu dès son premier voyage, par suite de combustion spontanée du charbon de son chargement, en sortant de Cardiff. Vendu en Norvège en 1908, fut transformé en voilier à moteur et nommé Disa. Naviguait encore récemment et s’appellait Tilla. » [LAC.]
Denis Crouan, père de Fernand Crouan, créateur de l’armement.
Belem 1896 trois-mâts barque fer 546 tx b. Dubigeon
Belém, du nom du port de l’état brésilien du Pará, situé sur l’estuaire du Rio do Pará, près de l’embouchure de l’Amazone, contraction portugaise de Bethléem.
Brazileiro 1898 trois-mâts barque bois 430 tx b. Alleau
« Troisième navire de ce nom de la maison Crouan. Le premier était un brick, le second un 3-mâts qui fit le sauvetage d’un 4-mâts anglais qu’il trouva abandonné en mer, aux Açores, opération qui rapporta un profit intéressant à l’équipage. Le troisième Brazileiro se perdit à l’entrée de l’Amazone le 14-8-1900 par brume épaisse. » [LAC.]
Chantier Alleau : Alleau & Aubert est crée vers 1881, il devient le chantier Alleau en 1893 et disparaît en 1902.

Le pavillon de l’armement Crouan était blanc bordé de rouge avec une étoile rouge en son centre.

Sur la proue du Belem figurait, dans un écusson, la devise en portuguais : Ordem e progresso. Cette devise, Ordre et progrès, était celle de la jeune République du Brésil, proclamée en 1889, et s’inspirait du positivisme d’Auguste Comte. Elle correspondait également bien à l’état d’esprit de Fernand Crouan dont les navires étaient d’un entretien méticuleux et pour la plupart en acier.

À la mort de Fernand Crouan en 1905, son gendre, M. de Lagotellerie, prit la suite des affaires, mais l’usine Menier à Noisiel décida de faire venir son cacao par le Havre, plus proche. Privé de son fret habituel et subissant la concurrence des vapeurs, l’armement fut liquidé en 1906. Le Belem sera alors racheté par l’armement Demange Frères pour leur ligne de Cayenne.

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